L'expression d'origine américaine de "plafond de verre" est bien connue. Rappelons qu'il s'agit de freins "invisibles" d'origine culturelle qui bloquent l'accès des femmes aux postes supérieurs de direction. Selon l'INSEE, en 2008, les Conseils d'administration du CAC 40 sont composés de 10 % d'administratrices. Cette infériorité est assez générale dans les organisations avec des variations d'amplitude : les femmes représentent 14 % des organisations patronales (même si une femme est à la tête de MEDEF : c’est l'arbre cache la forêt !), 36 % dans les organisations syndicales, 35 % dans les institutions représentatives du personnel, et aux Prud'hommes, 25 % du collège employeurs et 32 % du collège salariés...
Ce phénomène n'est pas évidemment propre à la France et se retrouve dans tous les pays avec des variantes : ainsi les Allemandes font d'avantage carrière que les Françaises mais font peu d'enfants tandis que les Française concilient enfants et carrière jusqu'à un certain niveau, le fameux "plafond de verre". La Norvège a pris sur ce plan une position radicale en imposant en 2008 aux entreprises d'avoir à féminiser 40 % de leur CA sous peine de devoir fermer !
Avant le plafond, les femmes se heurtent aux "parois de verre" qui pour des raisons liées elles aussi aux mentalités, limitent encore plus l'évolution de leur carrière : 41 % des cadres administratifs et commerciaux sont des femmes ; seulement 18 % des ingénieurs et des cadres techniques. Elles ont un accès plus limité à la formation professionnelle (32% contre 45% pour les hommes). Elles se retrouvent davantage dans les métiers fonctionnels et non opérationnels : RH, communication, ... De plus, quand un métier devient exclusivement féminin, ces emplois se trouvent souvent dévalorisés. D'ailleurs les emplois féminins restent concentrés dans 10 familles professionnelles (secrétariat, enseignement, santé...).
Plus gênant encore est le handicap de départ que les québécoises appellent "le plancher collant" due aux inégalités économiques : les femmes sont d'avantage à temps partiel (31% contre... 6% pour les hommes !). De fait, elles connaissent une précarité plus grande : 20 % sont au SMIC contre 11 % ; 2/3 des emplois à bas salaires sont occupés par elles ; 60 % des femmes qui travaillent ont un emploi non qualifié tandis que l'écart moyen des rémunérations est de l'ordre de 27 %. Selon une étude de la Croix rouge, les "nouveaux pauvres" sont essentiellement des pauvresses c’est-à-dire des femmes seules avec un enfant…
Le constat est décourageant ? Pas tant que ça ! De dernières études économiques montrent que plus les femmes progressent dans l'entreprise, plus les entreprises sont performantes (1). La diversité est un atout compétitif. Surtout, le travail en cessant d'être physique et se dématérialisant avec les services, cesse de donner avantage par nature aux hommes. Enfin, les jeunes générations réclament un nouvel équilibre vie privée-vie professionnelle. Or sur ce plan, les femmes ont toujours joué un rôle pionnier. Le travail se "féminise" donc même sans les femmes. En conclusion, pour paraphraser Aragon, la femme est-elle en train de l'avenir de l'homme... au travail ?!
(1) CERAM Michel Ferrary
mardi 10 novembre 2009
Plancher collant, plafond et parois de verre : l'égalité Homme-Femme dans l'entreprise
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