lundi 5 octobre 2009

"Et moi, et moi, et moi " : Travail et individualisme.


En 1967, Jacques Dutronc chantait "2 milliards de petits chinois et moi, et moi, et moi ..."

A l'époque, cette chanson se moquait des engagements politiques de la génération qui allait devenir un an plus tard plus connue sous le nom "soixante-huitarde". Ce qui était une chanson ironique d'un artiste individualiste semble devenu le cri de ralliement de la génération actuelle. Elle était en quelque sorte prémonitoire !

Selon Jean-Emmanuel Ray, professeur de droit du travail à Sciences Po et à la Sorbonne, nous assistons à une double crise du pouvoir : crise de l'autorité et crise de la représentation.

La crise de l'autorité est générale : crise de l'autorité parentale, crise de l'autorité professorale (aujourd'hui quand on dit "maître", on pense à maître-chien !) et crise intellectuelle (il n'y a plus de maîtres à penser et s'il y en a, ils sont dénoncés vivement). Aussi n'est-il pas étonnant que pour les jeunes générations tout se négocie - cf d'où les formations 1 soir 1 jour sur la négociation - et qu'il n'y ait pas d'autorité qui ne doive se justifier, se démontrer. On est passé d'un monde où l'autorité était acceptée quasi -militairement "sans hésitation et sans murmure" à un monde où tout passe par la communication et la démonstration.

Cette crise se double d'une crise de la représentativité : syndicale ou politique, toute autorité est contestée et pire débordée. D'où en contrepartie de la faiblesse de la représentativité des syndicats, des partis politiques, la montée de mouvements "autonomes", des grèves "sauvages", du nombre des abstentionnistes aux élections, des initiatives de "votation populaire" ou des actions "spontanées" coordonnées sur le net.

En conclusion, selon J- E Rey, le droit du travail semble connaître une grande remise en cause : fondé sur un lien de subordination qui caractérise l'entreprise, est-il appelé à disparaître et à être remplacé par le droit civil contractuel entre citoyens égaux et responsables ? Va-t-on passer de l'Etat de Droit à l'état des droits ?

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