mardi 9 mars 2010
Héroïsme et Performance : les leçons managériales de Vancouver
lundi 8 février 2010
L’oracle de Davos
Depuis près de quarante ans, le Forum économique mondial qui vient de se terminer, est le rendez-vous des grands décideurs du monde.
Rappelons ce qu’est le « World Economic Forum » : cette fondation à but non lucratif dont le siège est à Genève a été créé en 1971 par Klaus M. Schwab, professeur d’économie en Suisse. Elle réunit chaque année à Davos, en Suisse, des dirigeants d’entreprise, des responsables politiques du monde entier ainsi que des intellectuels et des journalistes, afin de débattre des problèmes les plus urgents de la planète. Le Forum organise également la « Réunion annuelle des nouveaux champions » en Chine et plusieurs réunions régionales qui se tiennent tout au long de l’année.
Qui est le discret Klaus Schwab ? Moins libéral qu’on ne le dit, il a déclaré récemment : « J’ai créé le forum il y quarante ans pour que les PDG rencontrent la société civile mais au fil des ans, leurs politiques de rémunérations ont rapproché les PDG des actionnaires et, parallèlement, les actionnaires sont devenus court-termistes. Il faut reconstituer un ethos professionnel » A Genève, la Fondation Schwab est, à côté de celle d'Ashoka et d'Accumen aux Etats-Unis, l'une des plus grandes institutions apportant son soutien aux entrepreneurs sociaux. Sa rencontre avec Muhammad Yunus a été déterminante.
L[ongtemps considéré comme la Mecque de la « mondialisation heureuse », le forum serait –il en passe de devenir selon la formule hégélienne « la conscience malheureuse du monde » ?
Depuis que la crise mondiale s’est déclenchée, un nouveau « prophète » y est fort écouté : Nouriel Roubini.
Né à Istanbul dans une famille de Juifs iraniens, il a vécu une enfance nomade : en Iran, en Israël et en Italie. Il a étudié l’économie à Harvard aux États-Unis, où il a complété son doctorat en sciences économiques en 1988. Selon son superviseur, Jeffrey Sachs, il a le talent inhabituel de comprendre les institutions économiques de façon mathématique et intuitive.
Après avoir enseigné à Yale, il fut nommé économiste senior aux Affaires internationales pour le compte du Council of Economic Advisers, organisation chargée de conseiller le président des États-Unis.
Dans les années 1990, Roubini a étudié l'effondrement des économies émergentes. Il est arrivé à la conclusion qu'un commun dénominateur était la cause de ces effondrements : les pays finançaient la balance courante par des prêts effectués à l'étranger. Il a prédit que les États-Unis serait probablement le prochain pays à subir un tel choc : en 2004, il a commencé à exposer ses théories à propos d'un tel effondrement.
Surnommé « Dr. Doom « ou « Docteur Catastrophe » à cause de ces prédictions économiques pessimistes qui contrastaient avec celles de la plupart des économistes,il affirma,en 2005 , dans la revue Fortune, que le « prix des maisons surfait sur une vague spéculative qui coulerait bientôt l'économie ».
En 2007, à Davos, il annonça seul contre tous que l’économie américaine connaîtrait « un atterrissage difficile ».Le choc dans l’immobilier ne viendra que sept mois plus tard…
« On dit souvent que lorsque l’économie américaine éternue, le reste du monde attrape un rhume. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, les Etats-Unis ont une pneumonie! » déclara-t-il en 2008.
« Une décennie d'idéologie de l'autorégulation des établissements financiers qui a fait son temps », résume Nouriel Roubini.
A Davos, en 2010, il affirme que le maillon faible était désormais non plus les pays émergents, comme lors de la crise Téquila, mais les pays riches, en particulier ceux qu’il appelle les membres Club Med de la zone euro : Italie, Espagne, Grèce, Portugal … Les évènements en Grèce et au Portugal semblent pour le moment lui donner encore raison. Le problème dans ce type d’exercice, est que la prévision - prédiction devient souvent une cause de la spéculation…
Le pire n’étant pas toujours sûr, la suite des événements confirmera-t-elle les sombres prédictions de ce Cassandre de l’économie ? Tout va dépendre de l’attitude des gouvernements et des autorités monétaires.
En conclusion, pour bien comprendre l’économie actuelle, il ne suffit pas de se baser sur des modèles théoriques de plus en plus complexes. Il faut aussi s’appuyer sur des analyses psycho–sociologiques, comme le font les « nouveaux économistes » tel Elyes Jouini de la Chaire Groupama à Dauphine qui a un profil très similaire à Nouriel Roubini. En outre, une grande expérience internationale semble requise pour bien comprendre et analyser l’économie « globale ».
Finalement à quand un Davos des Mutualistes pour réfléchir à ces questions ?
lundi 14 décembre 2009
Les économistes nouveaux sont arrivés !
On connaît le magazine « Le Nouvel économiste » mais connaît–on les nouveaux économistes ?
Qui a assisté à la conférence d’Elyes Jouini aura découvert une nouvelle génération d’économistes : ceux qui construisent des modèles mathématiques mais qui les tempèrent en y intégrant les facteurs humains. Ainsi, Elyes Jouini qui est en charge de la chaire Groupama de la fondation du Risque à Dauphine « Les particuliers face aux risques », analyse comment les comportements des agents économiques – vous et moi - ne sont pas toujours conformes à la théorie économique classique selon laquelle nos choix économiques sont censés optimiser notre bien-être. Ce bien-être est calculé avec une fonction d'utilité qui prend en compte les revenus et les temps de loisir.
La théorie néo-classique fait de ce concept de "rationalité" une hypothèse centrale du modèle d'équilibre général. La crise actuelle a démontré combien les modèles avaient sinon tous failli, du moins révélé leurs limites. Non seulement dans le domaine de la prévision mais encore et surtout de la sécurité et du partage des risques. En effet le cercle le plus vertueux s’inverse facilement en cercle vicieux dès lors que les comportements sont moutonniers et cèdent à la panique. Et que le bon sens abdique devant la complexité de produits très sophistiqués dont tout le monde a oublié la base fragile : ils s’appuient sur des prêts « NINJA » (No INcome, no Job, no Asset). La sagesse antique le savait depuis longtemps qui disait « summa ratio, summa irratio » …
Cette nouvelle vague comprend d’autres talents nouveaux comme David Thesmar, auteur du « Grand Méchant Marché », Prix du meilleur jeune économiste en 2007. Cet X–INSEE, professeur associé à HEC, a quitté le monde abstrait des statistiques pour étudier, à la charnière du macro et du micro–économique, la façon dont les phénomènes économiques modifient directement le comportement des acteurs de l’entreprise.
Ce n’est pas un hasard si les recherches de ces jeunes rejoignent ceux de grands anciens considérés jusqu’alors comme plus ou moins marginaux : Stieglitz, Krugman, les théoriciens des opacités et dysfonctionnements des marchés et les derniers « Nobel » d’économie : Elinor Ostrom, 76 ans et Oliver Williamson, 77 ans !
Elinor Ostrom « a remis en cause l’idée classique selon laquelle la propriété commune de l’eau ou de la forêt est mal gérée et doit être prise en main par les autorités publiques et le marché ».
Oliver Williamson a théorisé le rôle de l’entreprise comme élément central de l’activité économique : modèle économique qui facilite la gestion des conflits et réduit les coûts grâce à la hiérarchie, mieux que les marchés où prédominent souvent négociations, désaccords et … bulles irrationnelles !
Enfin dans un tout autre domaine, une nouvelle discipline est en train de naître, la neuro-économie à partir des dernières recherches sur l’imagerie médicale du cerveau. On demande à un sujet de l’expérience de faire un choix. On observe au scanner les zones du cerveau activées. On constate alors que l’agent devient l’objet de conflits entre plusieurs zones, cerveau reptilien contre néocortex, traduisant des conflits de rationalité entre, par exemple, son intérêt à court et long terme. « Je » est donc un autre et même plusieurs. Nos choix sont en eux–mêmes l’objet d’arbitrage qui ne sont pas nécessairement les plus rationnels et les plus utiles.
Gageons que cette nouvelle école, plus soucieuse de concret, d’efficacité et d’expérimentation, tel un bon vin nouveau, se bonifiera encore avec l’âge et aura au moins appris à se débarrasser du dominant dogmatisme - de droite ou de gauche – de ses aînés !
jeudi 10 décembre 2009
A l'heure de Copenhague, la croissance sera-t-elle verte et numérique ?
Avec les ministères de l’Economie, de l’Écologie, le secrétariat d’État à la prospective et au développement de l’économie numérique, Oséo, le Medef et l’Ademe organisent le premier Prix de la croissance verte numérique. Ce prix a pour objectif de récompenser l’invention, la création et le développement des technologies numériques au service du développement durable, mais aussi de diffuser les bonnes pratiques et de faciliter le démarrage de nouveaux marchés dans ces domaines.
Le MEDEF a remis le 4 décembre le prix de la Croissance Verte Numérique. Le jury présidé par Claudie Haigneré a distingué 5 entreprises exemplaires en matière d’invention, de création ou de développement de technologies numériques au service du développement durable.
Le prix de la croissance Verte Numérique est une des six mesures prioritaires annoncées en décembre 2008 par le gouvernement pour stimuler la croissance des éco industries en France. La compétition a été co-organisée par l’Etat, les entreprises et les organisations professionnelles du secteur.
96 dossiers reçus, 23 candidats présélectionnés, 11 nominés dont 5 lauréats.
Les 5 distinctions du Prix de la Croissance Verte Numérique :
Le « Grand prix Numérique et développement durable » de l’entreprise qui aura fait progresser nettement ses objectifs en matière d’environnement grâce aux TIC (efficacité énergétique, ou climat, ou bâtiment, ou mobilité durable…).
Bouygues Immobilier est le lauréat pour la mise au point de centrales d'énergie numérique, nécessaires pour le e-commerce ou le télétravail, plus économes en consommation d'énergie et plus performantes.
Le « prix PME de l’innovation numérique pour le développement durable » de l’entreprise qui aura inventé, crée ou développé des solutions ou des services à base de technologies numériques. Ce prix vise notamment la mise en exergue des «start-up» engagées dans la mise au point de technologies au service du développement durable.
Watteco a créé un modem qui ne consomme pas d'énergie et qui fait se communiquer entre eux les différents équipements électrique de la maison : il permet de connaître sa consommation réelle et de la gérer de la manière la plus économique.
Le prix Entreprise du numérique et développement durable, de l’entreprise du numérique dont la démarche visant la diminution significative de ses impacts environnementaux, climatiques ou énergétiques est particulièrement méritoire.
Alcatel Lucent la installé une station pour antenne -relais de téléphonie mobile qui est alimentée par des énergies alternatives (solaire et éolienne). Cette innovation combine ces différentes sources d'énergie et s'adapte au réseau classique, évitant ainsi de construire des centrales très onéreuses et gourmandes en énergie, l'idéal pour les pays en voie de développement.
Le Prix «Enseignement supérieur». Il s’agit de récompenser des initiatives issues du monde la recherche et de l’enseignement. Ce sont des projets et des réalisations de laboratoires de recherche, de juniors entreprises… toute sorte d’innovation portée par des moins de 30 ans, encore étudiants.
L'Ecole des mines de Nantes est récompensée pour ses travaux sur la dissipation de la chaleur : des économies d'énergie peuvent être obtenues suivant le choix de l'emplacement des climatiseurs et des serveurs dans un bureau.
Le « coup de cœur ». Il récompense une initiative originale, curieuse, passionnante. Le jury a toute liberté pour ses règles d’attribution.
Greennext calcule le coût carbone des produits de grande distribution dont l'affichage sera rendu obligatoire en 2011.
Pour départager les candidats, les organisateurs ont réuni un jury de 21 membres, experts et représentants des partenaires.
Présidente du Jury :
• Claudie Haigneré, présidente de la Cité des Sciences et de l’Industrie
Membres :
• Bernard Benhamou, Délégué aux usages de l'internet
• Gilles Berhault, ACIDD
• Eric Boustouller, Syntec Informatique, Microsoft,
• Daniel Clément, ADEME
• Sophie Costedoat, DGCIS, Ministère de l'économie
• Marc Dufau, OSEO
• Gabrielle Gauthey,
• Francis Jutand, Institut Telecom
• Daniel Kaplan, FING-Fondation Internet nouvelle génération
• Joël Karecki, FIEEC et Président de Philipps France & Maghreb,
• Richard Lalande, Fédération française des télécommunications et SFR
• Philippe Lemoine, MEDEF et Laser
• Michèle Pappalardo, Commissaire général au développement durable, MEEDDM
• Alain Anglade (ADEME),
• Marc Brandsma (Chausson Finances...),
• Emmanuelle Delsol,
• David Dornbush (Président des Clean Tuesday),
• Julien Salanave de l'IDATE,
• Christian Ollivery,
• Stéphane Parpinelli (blogueur green IT).
mercredi 2 décembre 2009
La Fondation du risque et Groupama
Mardi 1er décembre, Elyes Jouini, Directeur de la chaire Groupama de la Fondation du risque, donnait une conférence sur "Crise financière, crise de la gestion des risques ?" C'est l'occasion de faire le point sur la Fondation.
Groupama, avec la Société Générale, Allianz (AGF) et AXA, est l'un des quatre membres fondateurs de la Fondation du Risque. L'ont rejoint CNP et Malakoff Médéric. Cette fondation a pour vocation de susciter et de coordonner des projets d’enseignement et de recherche en lien étroit avec les établissements partenaires : Polytechnique, le Centre d'Etudes Actuarielle, Université Paris Dauphine et ENSAE.
La fondation fut lancée officiellement en mars 2007, après son agrément d'utilité publique. Groupama a engagé dès cette année universitaire son soutien à l'une des quatre chaires qu'il parraine, avec pour partenaires Paris Dauphine et l'ENSAE.
Cette chaire, dont le nom est « Les particuliers face au risque : analyse et réponse des marchés », a tenu sa « leçon inaugurale » le 9 janvier dernier à Paris Dauphine. Sur le thème « Le passage de la mutualisation à un lissage dans le temps des charges » sont intervenus : pour Groupama, Thierry Martel (pôle assurance et services individuels) ; pour Humboldt University, Hans Foellmer ; pour Sciences Po, Bertrand Jacquillat ; pour l’Université de Berkeley, Hayne Leland ; et pour l’Université de Paris Dauphine, Jean-Hervé Lorenzi.
Chaires de la fondation > Les particuliers face au Risque
Parties Prenantes
Thèmes de recherche
Cahiers de la chaire
Les Cahiers de la Chaire "les Particuliers face aux Risques", sont des cahiers scientifiques de type "prépublication" qui présentent les travaux réalisés par les chercheurs de la Chaire.
Cahiers n°1; 2006/1; Septembre 2006
· Elyes Jouini, Clotilde. Napp, “Heterogeneous beliefs and asset pricing in discrete time: an analysis of pessimism and doubt”.
Cahiers n°2; 2006/2; Octobre 2006
· Guillaume Carlier et Rose-Anne Dana, “Are generalized call-spreads efficient?”.
Cahiers n°3; 2006/3; Novembre 2006
· Selima Ben Mansour, Elyes Jouini, Clotilde. Napp, “Is there a "pessimistic" bias in individual beliefs? Evidence from a simple survey”.
Cahiers n°4; 2006/4; Décembre 2006
· Rose-Anne Dana et Marco Scarsini, “Optimal Risk Sharing with Background Risk”.
Cahiers n°5; 2007/1; Janvier 2007
· Elyes Jouini, Walter Schachermayer, Nizar Touzi, “Law Invariant Risk Measures have the Fatou Property”.
Cahiers n°6; 2007/2; Février 2007
· Guillaume Carlier et Rose-Anne Dana, "Two Persons Efficient Risk-Sharing and Equilibria for Concave Law-Invariant Utilities".
Cahiers n°7; 2007/3; Mars 2007
· Elyes Jouini, Clotilde Napp, “Consensus consumer and intertemporal asset pricing with heterogeneous beliefs”.
Cahiers n°8; 2007/4; Avril 2007
· Jérôme Renault, Marco Scarsini et Sergio Scarlatti, “Discounted and Finitely Repeated Minority Games with Public Signals”.
Cahiers n°9; 2007/5; Mai 2007
· Elyes Jouini, Clotilde Napp, “On Abel’s concept of doubt and pessimism”.
Cahiers n°10; 2007/5; Juin 2007
· Tristan Tomala et Olivier Gossner, “Empirical Distributions of beliefs under imperfect monitoring”.
Cahiers n°11; 2007/5; Juillet 2007
· Elyes Jouini, Walter Schachermayer, Nizar Touzi, “Optimal risk sharing for law invariant monetary utility functions”.
Cahiers n°12; 2007/8; Août 2007
· Tristan Tomala et Olivier Gossner, “Secret correlation in repeated games with signals”.
Cahiers n°13; 2007/9; Septembre 2007
· Isabelle Huault et Hélène Rainelli-Le Montagner, “Market Shaping as an Answer to Ambiguities: The case of credit derivatives”.
Cahiers n°14; 2007/10; Octobre 2007
· Diego Nocetti, Elyes Jouini, Clotilde Napp, “Properties of the Social Discount Rate in a Benthamite Framework with Heterogeneous Degrees of Impatience”.
Cahiers n°15; 2007/11; Novembre 2007
· Elyes Jouini, Clotilde Napp, “Are more risk averse agents more optimistic? Insights from a rational expectations model”.
Cahiers n°16; 2007/12; Decembre 2007
· Rose-Anne Dana, Cuong Le Van, “Overlapping expectations and the existence of efficient sharing rules and equilibria for variational preferences”.
Cahiers n°17; 2008/1; Janvier 2008
· Selima Ben Mansour, Elyes Jouini, Jean-Michel Marin, Clotilde Napp et Christian Robert, “Are risk averse agents more optimistic? A Bayesian estimation approach”.
Cahiers n°18; 2008/1; Février 2008
Najat El-Mekkaoui de Freitas, Joaquim Oliveira Bas du formulaiHaut du formulaire
lundi 23 novembre 2009
Après la crise, les crises ?
En effet les experts depuis plusieurs mois discutent de savoir si la courbe future de l'économie sera en L, V, en W, ou en racine carrée. Expliquons : si la reprise n'a pas lieu, si l'économie stagne, c'est le scénario en L. Ce dernier est aujourd'hui abandonné au vu du redémarrage qui est plus précoce que prévu, comme le déclare au Monde J-C Trichet. Si la reprise reste forte, le scénario sera celui d'une croissance en V. Peu y croient. Les Allemands ont inventé le scénario en W : l'économie repart pour rechuter aussi lourdement et repartir ensuite. C'est le schéma en W que semble valider Obama pour mieux le conjurer. Certains encore plus pessimistes spéculent que l'économie redémarre pour mieux s'arrêter à un palier et stagner. C'est le modèle en forme de racine carrée !
Les propos de Barack Obama semblent lénifiants si on les comparent aux prévisions pessimistes de Jacques Attali dont le dernier livre paru en octobre s'intitule : "Survivre aux crises".
En effet nouvelle Cassandre, il prophétise bien d'autres crises économiques successives dues à l'insuffisance de fonds propres des entreprises, à l'explosion de la "bulle" chinoise, à la tentation protectionniste, à l'hyperinflation, à l'effondrement du dollar ou la faillite de la FED ! Et comme les crises sont cumulatives, il y rajoute la possibilité de crise énergétique due au "Oil peak", le manque de ressources naturelles, le réchauffement climatique qui pourra s'accompagner de pandémies incontrôlables et de crise de la santé et de l'éducation. Bref il annoncerait pour peu les chevaliers de l'Apocalypse : peste, famine et guerre !
Il faut savoir raison garder. Le pire n'est pas toujours sûr. Mais une chose est certaine : comme le disait le président de la BFCE, la crise a déjoué de semaine en semaine toutes les analyses et les projections des modèles de prévision économique les plus éprouvés !!!
Telle est bien la caractéristique des crises systémiques modernes comme nous l'a trés bien expliqué Xavier Guilhou, le grand manitou des situations de crise : elles déjouent tous les scénarii, y compris les plus pessimistes !
mardi 17 novembre 2009
La flamme, la Chancelière et la reprise
Face à ces incertitudes, la Commission se rappelle qu’il existe un traité de Maastricht et demande au gouvernement de ramener le déficit public de 8,2% du PIB à moins de 3% en 2013. Or réduire les dépenses publiques drastiquement par une politique budgétaire restrictive ou par un alourdissement fiscal compromettrait sûrement la reprise balbutiante. D’où l’importance de la réforme actuelle sur la taxe professionnelle.
En gros, la France dépense 20% de plus que ce qu’elle gagne. Si on continue, en 2014, son endettement qui est de 70% de son PIB, sera de 95% ! Pour réduire le déficit et la dette dont le montant des intérêts annuels «pompent» à lui seul le total de l’Impôt sur le Revenu, il faut une croissance du PIB de 2,5% par an.
Seule une politique économique habile y parviendra. Or cette politique suppose de renoncer parallèlement aux réformes puisque toute réforme importante en France entraîne automatiquement grèves et blocages. On l’a bien vu avec les réformes Juppé qui ont bloqué la croissance.
Quadrature du cercle !
En réalité la sagesse (et la Commission !) commanderait d’imiter l’Allemagne :
1) les politiques économiques et fiscales harmonisées auraient une efficacité renforcée
2) Le résultat serait conforme aux attentes de la Commission et de la BCE puisque comme le dit Jean-Marc Daniel : l’Allemagne n’a pas donné la Bundesbank à l’Europe mais l’Europe à la Bundesbank…
3) Enfin, la RFA montre l’exemple puisqu’elle dépasse le dilemme – réduction, maintien ou accroissement de la dépense par l’endettement pour soutenir la croissance - par le biais des exportations et réussit à améliorer ses capacités en dépit d’un euro très élevé…
La France n’a de mot à la bouche que l’entente franco allemande. Toutefois au lieu de n’envisager que l’aspect politique, historique ou militaire (Madame Merkel ranimant la flamme), si on faisait vraiment de la coopération de politique économique ? On en est loin puisque celles-ci sont aux antipodes : grand emprunt de la grande nation versus réduction des impôts. Après tout, l’Europe a bien commence comme cela par le primat de l’économie. Depuis l’euro, en a–t-on tiré toutes conséquences ?
Que les politiques sociales, culturelles gardent leur indépendance, que nous ranimions notre flamme tout seuls mais que nous ne pensions pas faire la relance dans notre coin ! Nous ne ranimerons pas la flamme de l’économie mondialisée avec nos seules allumettes auto combustibles !
mardi 10 novembre 2009
Plancher collant, plafond et parois de verre : l'égalité Homme-Femme dans l'entreprise
L'expression d'origine américaine de "plafond de verre" est bien connue. Rappelons qu'il s'agit de freins "invisibles" d'origine culturelle qui bloquent l'accès des femmes aux postes supérieurs de direction. Selon l'INSEE, en 2008, les Conseils d'administration du CAC 40 sont composés de 10 % d'administratrices. Cette infériorité est assez générale dans les organisations avec des variations d'amplitude : les femmes représentent 14 % des organisations patronales (même si une femme est à la tête de MEDEF : c’est l'arbre cache la forêt !), 36 % dans les organisations syndicales, 35 % dans les institutions représentatives du personnel, et aux Prud'hommes, 25 % du collège employeurs et 32 % du collège salariés...
Ce phénomène n'est pas évidemment propre à la France et se retrouve dans tous les pays avec des variantes : ainsi les Allemandes font d'avantage carrière que les Françaises mais font peu d'enfants tandis que les Française concilient enfants et carrière jusqu'à un certain niveau, le fameux "plafond de verre". La Norvège a pris sur ce plan une position radicale en imposant en 2008 aux entreprises d'avoir à féminiser 40 % de leur CA sous peine de devoir fermer !
Avant le plafond, les femmes se heurtent aux "parois de verre" qui pour des raisons liées elles aussi aux mentalités, limitent encore plus l'évolution de leur carrière : 41 % des cadres administratifs et commerciaux sont des femmes ; seulement 18 % des ingénieurs et des cadres techniques. Elles ont un accès plus limité à la formation professionnelle (32% contre 45% pour les hommes). Elles se retrouvent davantage dans les métiers fonctionnels et non opérationnels : RH, communication, ... De plus, quand un métier devient exclusivement féminin, ces emplois se trouvent souvent dévalorisés. D'ailleurs les emplois féminins restent concentrés dans 10 familles professionnelles (secrétariat, enseignement, santé...).
Plus gênant encore est le handicap de départ que les québécoises appellent "le plancher collant" due aux inégalités économiques : les femmes sont d'avantage à temps partiel (31% contre... 6% pour les hommes !). De fait, elles connaissent une précarité plus grande : 20 % sont au SMIC contre 11 % ; 2/3 des emplois à bas salaires sont occupés par elles ; 60 % des femmes qui travaillent ont un emploi non qualifié tandis que l'écart moyen des rémunérations est de l'ordre de 27 %. Selon une étude de la Croix rouge, les "nouveaux pauvres" sont essentiellement des pauvresses c’est-à-dire des femmes seules avec un enfant…
Le constat est décourageant ? Pas tant que ça ! De dernières études économiques montrent que plus les femmes progressent dans l'entreprise, plus les entreprises sont performantes (1). La diversité est un atout compétitif. Surtout, le travail en cessant d'être physique et se dématérialisant avec les services, cesse de donner avantage par nature aux hommes. Enfin, les jeunes générations réclament un nouvel équilibre vie privée-vie professionnelle. Or sur ce plan, les femmes ont toujours joué un rôle pionnier. Le travail se "féminise" donc même sans les femmes. En conclusion, pour paraphraser Aragon, la femme est-elle en train de l'avenir de l'homme... au travail ?!
(1) CERAM Michel Ferrary
mardi 27 octobre 2009
De la dette en France, des agences de notation et du Prix Nobel
Malgré la dette, la France conserve une bonne notation.
Avec humour, J-M Daniel déclare que s’il y avait eu des agences de notation en 1789, elles auraient sans doute attribué à la France un note triple A car elles auraient estimé les fondamentaux bons mais auraient trouvé, pense-t-il pince-sans-rire, que la prise en compte des droits à retraite des marins n'étaient pas comptablement correcte...!! Les agences de notation se voient reprocher une vision un peu trop étroite de l’état de santé d’un pays ou d’une entreprise. Elles sont même accusées de minimiser à dessein les faiblesses de leur client. On se rappelle ainsi le cas de Lehman Brothers : les agences de notation financière (Moody's, Standard and Poor's, Fitch, …) avaient pendant plusieurs années donné leur meilleur rating (AAA) aux placements de type CDO avant de se rendre compte qu'il fallait brutalement l'abaisser, peu de temps avant sa faillite !
Aujourd’hui, cette dette intervient avec une inflation faible. J–M Daniel considère que ce n’est pas affolant mais préoccupant, dans la mesure où l’État perd en efficacité : chaque année, 55 milliards d’euros, soit l’équivalent de l’impôt sur le revenu, sont consacrés au remboursement des intérêts. On peut aussi penser que la modernisation de l’État pour faire des économies atteint ses limites. Il s’agit maintenant, dit–il, de réfléchir aux dépenses publiques qu’il faut remettre en cause, pour ne conserver que les incontournables.
Tout aussi critiqués que les agences de notation, sont les prix Nobel d’économie. Rappelons que Nobel lui–même n’en voulait pas et que ce qui est appelé ainsi est en réalité le Prix de la Banque de Suède décerné depuis 40 ans seulement. Les 2 derniers Prix « Nobel » Elinor Ostrom et Oliver Williamson ont démontré les limites du tout Marché : la première a démontré comment des biens collectifs peuvent être efficacement gérés par des associations et le second qu’une bonne gouvernance d’entreprise peut résoudre des conflits ou réduire les coûts de transaction mieux que le marché. Est–ce à dire comme certains que crise économique aidant, le « Nobel économique » ne reflète que l’esprit du temps et que les « Prix Nobel d’économie » seraient plus proches de celui de la Littérature que de la Physique ?
Jean–Marc Daniel ne le croit pas mais il dénonce les querelles de chapelle, les positionnements idéologiques dont est victime le débat économique en France. Il rappelle que quand Tony Blair avait déclaré à la tribune de l’Assemblée Nationale en 1998 qu’il n’ y a pas de politique économique de droite ou de gauche mais des politiques qui marchent et d’autres qui échouent, il avait soulevé un tollé ! En France, on est un peu dans une situation comparable à celle de Deng Hsiao Ping déclarant dans la Chine maoïste que l’important pour un chat n’est pas qu’il soit rouge ou noir mais qu’il attrape les souris. En revanche, les résultats obtenus permettent de faire des choix d’affectation et de répartition qui eux relèvent d’une conception de la société et peuvent être qualifiés de droite ou de gauche.
En conclusion, agences de notation et économistes sont accusés de n'avoir ni prévu ni empêché la crise qui a creusé les déficits. En France, les solutions à trouver sont plus ardues à cause de la trop grande politisation du débat. Cela ne fait que refléter le manque dramatique de culture économique dans ce pays… Rappelons pour preuve que la France a reçu 14 fois le Prix Nobel de littérature dont le dernier en 2008 avec Jean-Marie Le Clezio et une seule fois en 1988 (1) celui d’économie !
(1) Maurice Allais fut récompensé pour ses contributions à la théorie des marchés et à l'utilisation efficace des ressources. Il vit aux Etats-Unis. En 1983, fut couronné Gérard Debreu, économiste d'origine française mais nationalisé américain pour ses travaux sur l'équilibre général.
lundi 19 octobre 2009
Obama, les 21 ans d'Al-Quaïda et le Maghreb
Fondée en août 1988 par un serment d'allégeance à son Emir Oussama Ben Laden, Al- Qaïda a fêté ses 21 ans ! Mais y a-t-il une vie pour Al-Qaïda après Obama ? se demande Jean Pierre Filiu, professeur associé à Sciences Po, l’un des meilleurs analystes français du monde arabo-musulman qui donnera le 21 octobre prochain à l'Université Groupama une conférence sur les forces et les faiblesse du Maghreb. Il vient de publier chez Fayard Les Neufs Vies d’Al-Qaïda. Il y retrace l’histoire du réseau terroriste, raconte comme "la base" a réussi à tisser sa toile planétaire à partir du Soudan, décrit sa montée en puissance en Irak après la chute de Saddam Hussein, l'intervention américaine ayant réveillé les vieux démons d'un millénarisme revendicatif, enfin les campagnes d’attentats en Europe et au Maghreb.
Rappelons quelques dates de ses méfaits au Maghreb :
- en avril 2002, attentat contre la synagogue de Djerba (21 morts),
- en mai 2003, série d'attentats suicides à Casablanca (45 morts),
- en janvier 2007, naissance d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique et attentats suicides à Alger en avril et en décembre (30 et 41 morts) ; assassinat de 4 touristes français en Mauritanie,
- en août 2008, nouveaux attentats en Algérie (45 et 12 morts),
- en août 2009, attentat manqué contre l'Ambassade de France en Mauritanie.
En Europe :
- en novembre 2003, attentats à Istanbul (63 morts),
- en mars 2004, à Madrid (191 morts),
- en juillet 2005, à Londres (56 morts),
- en août 2006, démantèlement au Royaume - Uni du "complot transatlantique" et
- en septembre 2007, en Allemagne d'une cellule terroriste liée aux Ouzbekes,
- en juin 20009, attaques verbales d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique contre la France accusée d'être "la mère de tous les vices".
Mais les choses sont peut-être en train de changer. Car pour Jean Pierre Filiu, «le triomphe de Barack Hussein Obama a pris de cours la hiérarchie d’Al-Qaïda, en sapant les évidences de sa propagande». Il convient, certes, d’être prudent. L'universitaire rappelle qu’Al-Qaïda, comme les chats, dit-on, a déjà eu plusieurs vies : 9 en 20 ans ! L'organisation a su ainsi se relever complètement après avoir dû disperser ses troupes à deux reprises, dans les années 1990 d'abord après avoir quitté le Soudan chassée par les autorités locales, puis après les attentats du 11 septembre 2001 et la chute des talibans en Afghanistan, en se réfugiant à la frontière pakistanaise.
Les partisans du «djihad mondial» sont aujourd'hui de plus en plus isolés du monde arabe et l’organisation, repliée dans son sanctuaire des zones tribales pakistanaise, se bat pour sa survie. Son projet est train de perdre son pouvoir hégémonique car il se heurte à la résistance des réalités nationales et religieuses. Enfin, élitiste, cette "avant-arde sans frontière" a toujours refusé et été incapable de créer un mouvement de masse.
Qu’en sera t-il demain ? Pour J-P Filiu, 3 scénarios sont possibles : disparition progressive d’Al-Qaida, éclatement en groupuscules de plus en plus détachés de l'Islam ou «pakistanisation» qui la retournerait contre les hindous, loin de la genèse du conflit : la présence américaine dans les lieux saints et la lutte contre Israël. Sauf si Israël ou les Etats-Unis en attaquant l’Iran offraient à Ben Laden une "divine surprise" et l’opportunité de rebondir une 10ème fois en offrant à ses réseaux de nouvelles possibilités de recrutement contre "les juifs et les croisés".